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vendredi 2 mars 2012
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Lettre ouverte aux lesbiennes contre la guerre

Paris-féministe, 15 au 28 février 1991

Nous ne sommes pas responsables de la guerre, mais nous y sommes malgré nous, de ce fait, impliquées ! (Le pouvoir français est en guerre).

Lesbiennes, de la même manière que nous refusons et luttons contre toutes les oppressions qui nous sont faites, dans la rue, dans le travail..., nous devons nous mobiliser contre cette guerre et ses conséquences. Aujourd’hui, notre résistance est la même que celle que nous mettons en place pour lutter contre les violences sexistes, homophobes, racistes et contre l’impérialisme des hommes. Chaque fois qu’un groupe en écrase un autre, il y a une guerre lutte de classes ‑ lutte de sexes.

Les hommes jouissent de la guerre :

- qui méprise, humilie ?
- qui guerroie, massacre ?
- qui viole, qui torture ?

La guerre permet aux : hommes d’épancher leur soif de violence par des crimes collectifs autorisés et même... récompensés !!

Cette guerre est le désir organisé de mise en place d’un nouvel ordre politique et économique mondial, c’est :

- la peur des pays occidentaux de voir les pays pauvres se réapproprier leurs richesses naturelles,
- la crise politique et économique de la seconde puissance mondiale (URSS) et des pays de l’Est,
- la crise économique des USA,
- la remontée de tous les intégrismes,
- la remontée des courants réactionnaires et d’extrême droite, qui permet aux États‑Unis d’imposer ce nouvel ordre et de se comporter en "Maîtres du monde".

En France, la démobilisation critique vis‑à‑vis du pouvoir, depuis l’arrivée du P.S., le conditionnement jour après jour de la population au "consensus" gouvernemental, la démission des intellectuel‑les, ont permis d’entrer totalement dans cette guerre, de passer de l’embargo économique à l’envoi des militaires à la guerre. Puis, la mise en place de tout l’arsenal médiatique actuel, que nous subissons chaque jour, dans tous les secteurs infiltration de l’armée et auto‑censure...

Il nous faut arriver à prendre conscience des conséquences de cette guerre, analyse impossible à faire avec les seules informations officielles, puisque cette guerre nous est présenté comme un vidéo‑jeu, sans mort véri­table ! Nous devons dénoncer cette odieuse affabulation des milliers civiles (ceux et celles qui ne sont pas dans l’armée : enfants, femmes. vieillards, les plus pauvres ‑tous ceux qui ne sont pas organises) meurent dans les pilonnages intensifs et quotidiens des villes et des villages.

Actuellement, contrairement à toute idée de démocratie, l’état français contrôle non seulement toutes les informations mais aussi les activités des groupes politiques opposés à la guerre. Tout est mis en oeuvre pour minimiser, discréditer les pacifistes. Les libertés bafouées renforcent le racisme, les expulsions hors de France, mais aussi l’exclusion de cette marginalité dont, nous lesbiennes, faisons partie.

Le discours hétéro sexiste sur la valorisation des mères revient en force et alors la question se pose de savoir où sera, dans cette société en régression, notre place de lesbiennes et de féministes. Actuellement, on assiste, dans le monde entier, à un retour a l’enfermement idéologique et physique des femmes (discours pro‑natalistes ‑recul de l’autonomie financière et de la liberté d’expression et de pensée des femmes‑ accroissement de leur pauvreté et de leur misère, ainsi que de leur isolement). Ne nous leurrons pas, la guerre coûte très cher économiquement parlant par la destruction de vie humaines. Les conditions économiques de la classe la plus exploitée (celle des femmes, des jeunes et des personnes âgées) risquent de devenir dramatique dans les années à venir. Dénonçons toutes ces conséquences économiques, alors que ceux qui, en ce moment, boursicotent à leur aise, proclament le contraire.

Nous refusons de payer cette guerre, et il est important de réfléchir sur la manière dont sont utilisés nos impôts : une association étudie, actuellement les possibilités de boycott d’un pourcentage de nos impôts.

Certaines lesbiennes se demandent encore pourquoi nous nous sentons concernées par cette guerre ? C’est parce que l’armée, haut lieu du crime, a toujours institutionnalisé le viol, la prostitution et les violences sexistes. Le patriarcat et sa vision masculine de la construction du "progrès" de la société, est le principal acteur dans la destruction machiste de notre patrimoine naturel et culturel. Ils nous parlent, avec calme et sérénité, de la plus grande catastrophe écologique de tous les temps (!), qui aura bien sûr de très lourdes répercussions sur toutes nos existences. Bien que révoltées, nous assistons, semble‑t‑il impuissantes, à une réelle destruction humaine et écologique. Notre mobilisation contre cette guerre, c’est aussi pour sauver la. Terre :

- répartition des richesses naturelles à tous les peuples, et droit à leur autodétermination.
- politique de paix ‑ et non de guerre ‑ dans le règlement des conflits...

Une majorité de femmes sont contre la guerre ; pourtant, aujourd’hui, beaucoup ont peur de s’exprimer : l’auto‑censure devient la loi, leurs maris, pères, frères étant en grande majorité pour la guerre, elles, se taisent, ou ne savent pas où se situer.

Nous, qui ne sommes pas épouses,
nous, qui avons pensé, décidé nos vies autonomes,
luttons pour notre survie !

A l’heure où chacune a tendance à rentrer “dans ses placards", que ce soit par peur, par l’impression d’être totalement “désarmée” par la haute technologie de cette guerre, ou parce qu’elle ne se sent par concernée, il est vital que les lesbiennes, comme dans le groupe de réflexion lesbienne contre la guerre, soyons actives.

Il nous faut continuer a résister et mener des activités de lutte contre tous les rapports de pouvoir, comme ceux de cette guerre : nous apparaissons dans les manifestations contre la guerre, avec une banderole “lesbiennes féministes”, nous participons aux rassemblements, comme celui devant la Bourse, pour dénoncer le profit que certains retirent de cette guerre et qui en est l’une des causes immédiates.

Nous devons nous montrer solidaires vis‑à‑vis de toutes les femmes et lesbiennes du Koweït, d’Irak, d’Arabie Saoudite, d’Israël, du Liban, de la Palestine et de bien d’autres pays en guerre, où les mêmes violences sont utilisées contre elles. Cette solidarité nous en avons également, particulièrement, besoin avec les femmes et les lesbiennes immigrées vivant en Europe, avec toutes celles qui luttent dans les pays arabes, car nous refusons la division largement véhiculée par la presse, entre les pays occidentaux et arabes. Ne nous laissons pas intoxiquer par cette presse contrôlée par l’armée et par l’État, ni manipuler par de douteux sondages.

Nous mettons en place UN RÉSEAU D’INFORMATION, D’ECHANGES ET DE RÉFLEXION LESBIENNE, comme par exemple une réflexion sur “l’historique des mouvements de résistance des féministes à la guerre", “ Les mobilisations actuelles et les luttes féministes et lesbiennes en Europe"...

Ce réseau fonctionnera tous les premiers MERCREDI de chaque mois à 19 h. à la MAISON DES FEMMES, 8 cité Prost, Paris 11ème

Participez très nombreuses à ce réseau pour :

- refuser de continuer à vivre en “liberté surveillée"
- vous informer sur les mesures de réquisition encore en vigueur en France (Ordonnances de 1959 dont voici quelques extraits en bas de page),
- dénoncer toutes les pressions que chacune peut subir dans son travail (dans l’enseignement, des directions d’établissements scolaires interdisent à leur personnel le port du badge "contre la guerre" !!!
- dire "NON" à la fatalité de la guerre et aux menaces d’expulsion des femmes immigrées,
- et enfin, décider ensemble des projets d’actions à mener dans les mois à venir.

Nous vous invitons toutes à venir le MERCREDI 6 MARS à 19 heures à la Maison des Femmes.

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