La lesbophobie dans le monde du travail

jeudi 10 octobre 2013
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La lesbophobie dans le monde du travail : réflexion sur l’articulation du sexisme et de la lesbophobie en oeuvre dans le monde du travail

Cette réflexion s’est élaborée à partir d’un travail de recherche effectué sur le « management féminin » avec l’utilisation du concept de genre comme opérateur d’analyse.

Cette réflexion se nourrit également des enquêtes quantitatives et qualitatives menées par des associations LGBT et des sociologues auprès de salarié-e-s lesbiennes et gay.

La question du genre en entreprise a été longtemps ignorée. La mise en avant de la neutralité, gage d’objectivité, de l’éviction de la sexualité des acteurs ont constitué les fondements d’un discours qui a éludé la question du genre. Or l’entreprise n’est pas un lieu neutre attaché aux seules compétences d’un travailleur et d’une travailleuse asexué-e-s. Non seulement les organisations de travail ne sont pas neutres, ni asexuées, mais la sexualité en tant que représentation de la virilité et de la féminité, structure les hiérarchies et les postes. Elle fabrique du masculin et du féminin, façonne les discours et l’expression des compétences. C’est donc un lieu très contraignant pour ceux qui ne répondent pas aux critères de l’héteronormativité concrétisée par une production de norme autour de l’hétérosexualité présupposant une correspondante étroite entre le sexe biologique, le genre, les rôles sociaux et professionnels attribués aux hommes et aux femmes.

Les discriminations dont sont victimes les lesbiennes et les femmes hétérosexuelles en entreprise s’articulent entre elles. Elles mettent en mouvement des stratégies de genre se déployant entre « féminitude » et « virilitude », participant par la même au maintien des principes de différentiation sans mettre en cause le système dominant qui valorise les hommes et le masculin.

Si l’on observe des discriminations et stratégies de protection spécifiques chez les lesbiennes, il y a bien une cohérence à parler de ces phénomènes ensemble, car ils forment un tout imbriqué et participent au maintien des normes hétéronormatives, en réaffirmant aux femmes hétérosexuelles leur place et leur rôle, en stigmatisant les lesbiennes qui servent alors de repoussoir à toutes celles qui voudraient vivre autrement.

Il convient enfin de dissocier l’expérience des gays et des lesbiennes car en raison de la catégorie de sexe, l’expérience des gays et des lesbiennes est différente.

Les hommes grâce à leur statut de dominant sont définis en référence à leur groupe et non par leur rapport aux femmes. Quant aux femmes, elles ont tendance à n’être reconnues que dans leurs relations avec les hommes et selon la norme masculine de ce que devrait être une femme.

L’hétéro sexisme et la lesbophobie inter reliés sont les deux faces d’une même médaille. Les discriminations hétéro sexistes concourent à réaffirmer la norme hétéro sociale afin de la rendre la plus naturelle possible, et donc incontournable.

Les discriminations lesbophobes contribuent à stigmatiser les lesbiennes afin qu’elles deviennent des contre modèles, des modèles déviants, hors norme. Les deux ont pour corollaire de maintenir en place le système hétéro social qui définit les catégories sociales de sexe, de genre et de sexualité.

Bernadette Doleux


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