Texte B9

vendredi 2 mars 2012
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Rencontre lesbienne radicale novembre 1981, Brochure de préparation à la rencontre, ronéotypé

a- INTRODUCTION ET PROJET DE PLATE-FORME

CLAUDIE, DENISE, GRAZIELLA, IRENE, MARTINE, MONIQUE
Front des lesbiennes radicales. Rencontre des 14 et 15 novembre 1981

Cette brochure présente des textes de nature diverse.

L’élaboration d’une plate-forme pour le FLR est souhaitable depuis longtemps. Le projet de plateforme qui ouvre ce bulletin a été rédigé par quelques unes d’entre nous. Il est bien sûr proposé à la discussion, et nous souhaitons qu’à la fin de la rencontre un texte définitif soit adopté.

Deux textes, celui sur le féminisme et celui sur les classes représentent l’état actuel des réflexions et des questionnements de deux groupes de travail du Front. Il s’agit là d’un travail à poursuivre et à approfondir... Ces problèmes qui pourraient paraître bien "intellectuels” ou “abstraits" (au sens péjoratif de ces termes) sont en fait décisifs : sans réflexion théorique rigoureuse sur la réalité, pas de stratégie, pas de lutte cohérentes possibles. De plus, il nous semble très important que dans le Front chaque lesbienne prenne sa part de la réflexion théorique et politique, sans s’en remettre pour cela à de prétendus “spécialistes". Il faut combattre la monopolisation du savoir, qui est une des sources du pouvoir, il faut refuser tout ce qui reproduirait une "division du travail" entre celles qui "pensent" et celles qui "agissent", comme si l’on pouvait penser hors d’une pratique, et agir sans réfléchir...

De nombreux autres textes sont des textes personnels sur des sujets variés… Un des problèmes du Front, à notre avis, a été longtemps le manque de communication entre les groupes et les tendances qui le constituent, l’insuffisance des discussions de fond dans les réunions... Nous souhaitons que ces textes soient lus et nourrissent des débats qui sont de plus en plus nécessaires, autant au cours de la rencontre que par la suite, quelque soit le type de fonctionnement que nous nous donnions.

Quant au compte-rendu des débats de la rencontre de juin 81, il a été réalisé le plus intégralement possible. Les seules coupures sont dues au brouhaha qui rendait certains passages inaudibles et au temps perdu par les changements de cassette. Les interventions n’engagent que celles qui les ont faites, et à la date où elles ont été faites. Personne n’est figé dans une pensée ou une formulation qui peuvent n’être qu’un moment d’une révolution...

Projet de plate-forme pour un Front des lesbiennes radicales

1) Le lesbianisme est pour nous une position politique l’homosexualité des femmes est une position objective, consciente ou non, de résistance à l’exploitation et à l’oppression par les hommes.
2) Le Front des Lesbiennes Radicales est autonome par rapport au mouvement féministe et au mouvement homosexuel mixte.
3) Notre but est la libération de toutes les femmes par la destruction du système de pouvoir de la classe des hommes, et la destruction des classes de sexe.
4) Notre stratégie consiste à développer une force politique lesbienne, à construire des espaces de résistance, présentant ainsi aux femmes homosexuelles une perspective politique et aux femmes hétérosexuelles, que nous appelons à rompre avec l’hétérosocialité, une alternative. Nous voulons impulser une prise de conscience de classe des femmes, et la lutte, sous toutes ses formes, contre la classe des hommes, ainsi que contre les pratiques, idéologies et théories qui assurent sa domination.

b- DES CLASSES
CLAUDIE, GRAZIELLA, IRENE, MARTINE - Front des lesbiennes radicales. Rencontre des 14 et 15 novembre 1981. Réédition : Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui, novembre 1986, vol. 5, n°1, p. 129-144

Introduction

Le texte qui suit est plutôt une suite de points de réflexion qu’une analyse systématique. Quand nous avons abordé, avec un peu plus de rigueur, le problème des classes de sexe, des modes de production, des formations sociales et des bases économiques, nous nous sommes retrouvées devant une véritable montagne à déplacer avec une petite cuillère, dans la mesure où la réalité n’avait jamais été étudiée dans toute sa complexité.

Une question en soulevait dix autres, du jour au lendemain, un aspect non vu du problème mettait en cause tout ce que nous avions dit la veille. Aussi, avons nous décidé de continuer le travail, et de publier dans le bulletin la plus grande partie des questions que nous nous sommes posées et les analyses contradictoires.

I - Système

1) La division en classes d’Hommes et de Femmes est fondamentale et toute l’histoire connue est celle d’une société dominée par la classe des Hommes, les formes de cette domination étant variables dans le temps et l’espace.

Cette analyse des fondements de la société remet en cause tout le système marxiste qui ne reconnaît comme fondamentales que deux contradictions : celle entre les forces productives et les rapports de production et celle entre la base économique et la superstructure.

Toutefois, à l’étape actuelle de notre réflexion, nous ne pouvons affirmer que la lutte des classes de sexe ne soit pas une manifestation de ces contradictions "fondamentales". Par contre une chose est sûre, le marxisme a toujours nié, non seulement l’existence de cette contradiction, mais son rôle dans le développement de l’Histoire.

Le concept de CLASSE n’est pas un concept inventé par les marxistes (eux-mêmes le disent). Il a été seulement développé et transformé par eux. Actuellement, malgré les nuances, il signifie en gros ce qu’un groupe de personnes a en commun. Si le marxisme refuse d’utiliser ce concept pour les Hommes et les Femmes, tout comme il a refusé pour les Noirs et les Blancs etc... c’est un problème que nous pouvons analyser (refus et incapacité d’analyser la réalité objective, non parce que le matérialisme ne le peut pas, mais parce que certaines conceptions du monde les en empêchent), mais c’est un autre problème que de refuser ce concept sous prétexte que l’on assimile classes à marxisme. Le problème serait plutôt pour nous de voir si ce concept ne nous gêne pas dans nos analyses, dans la mesure où nous parlons de classes pour deux choses différentes qui se chevauchent et s’imbriquent sans jamais se superposer.

Si nous refusons de rejeter d’emblée ce concept, cela ne veut pas dire qu’au cours d’une avancée théorique plus grande et profonde nous ne serons pas amenées à le remettre en cause et à en trouver un autre qui reflètera plus justement la réalité.

Quelle est la définition marxiste des classes ?

Deux citations, l’une du "Manifeste", l’autre de “La grande initiative" : “une classe est un ensemble de gens qui dans la production jouent en rôle similaire et sont à l’égard d’autres gens dans des rapports identiques” "On appelle classes de vastes groupes d’hommes, qui se distinguent par la place qu’ils tiennent dans un système historiquement défini de la production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixé et consacré par la loi) aux moyens de production, par leur rôle dans l’organisation et donc, par les moyens d’obtention et la grandeur de la part des richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d’hommes dont l’on peut s’approprier le travail de l’autre, par suite de la différence de la place qu’ils tiennent dans un régime déterminé de l’économie sociale."

Si l’on est "linguiste" et si l’on parle français, on corrige les fautes de Lénine et de ses traducteurs, et l’on remplace hommes par Humains. Ceci étant dit il n’est pas plus question ici que dans l’autre citation de prolétariat et de bourgeoisie. (Il est surprenant de voir comment l’impérialisme théorique marxiste s’est approprié le matérialisme !). Nous avons conscience du fait que l’on va nous reprocher d’être idéalistes en essayant de faire "coller" la réalité à une définition. Cela nous semble une erreur. Le matérialisme n’est pas synonyme de marxisme. Un raisonnement matérialiste, d’où qu’il vienne peut nous aider à analyser la réalité même si ce raisonnement est pour des raisons de conception du monde et d’intérêts de classe, faussé, tronqué et amputé. Nous ne voulons rejeter aucun acquis théorique et scientifique, et faire comme si rien n’avait été dit avant nous, Femmes, sous prétexte que c’était une culture "masculine" ! (Que celle qui frotte des pierres pour faire du feu, nous jette la première pierre !)

Le travail ultérieur de notre groupe consistera justement, entre autre, à affiner l’analyse de ces deux classes, an particulier par rapport aux moyens de production.

2) La théorie de plusieurs systèmes articulés (par exemple patriarcat et capitalisme, l’un servant de base à l’autre... ) s’avère insuffisante. Nous voulons analyser la réalité en terme d’un seul système global intégrant, sous la domination de la classe des hommes, les formes diverses d’exploitation et d’oppression qui existent.

Le problème n’est pas que nous voulions analyser la société d’une certaine façon (qui nous "arrangerait"), mais de l’analyser telle qu’elle est. La réalité sociale est une dans toute sa complexité. Nous savons bien qu’il y a un enjeu politique dans cette analyse, dans la mesure où nous ne l’analysons pas pour le plaisir de l’analyser, mais pour la transformer, c’est-à-dire pour définir une stratégie en accord avec cette réalité, ses contradictions.

Comme le pensent certaines Féministes, existe-t-il deux modes de production distincts ? Modes de production qui ont été grosso modo analysés séparément, mais qu’il a fallu à un certain moment de l’analyse, "unir" (articuler) pour rendre compte de cette réalité entière.

Cette "union" a pris des formes différentes dans le MLF :

a - seulement un mode de production patriarcale, le reste étant plus ou moins à ignorer parce que “mec".
b - un mode de production capitaliste déterminé par la contradiction principale prolétariat/bourgeoisie. L’oppression des femmes (refus par elles de la notion d’exploitation) étant seulement du domaine de l’idéologie (c’est la position de psyképo et des courants luttes de classes, et de certaines féministes radicales actuellement). Cette analyse conduit irrémédiablement à attendre le Socialisme, en étant vigilantes.
c - un mode de production patriarcal prenant différentes formes historiquement, esclavagisme, féodalisme, capitalisme, socialisme, avec toutes les phases intermédiaires. Malgré les apparences, cette analyse rejoint la deuxième où seules contradictions entre oppresseurs et opprimés hommes jouent un rôle actif. La contradiction Hommes/Femmes, en dernière analyse n’est pas vu comme une contradiction (lutte et unité des contraires qui se transforment l’un en l’autre dans des conditions déterminées), mais comme quelque chose de passif.
d - deux modes de production parallèles, presque autarciques que l’on relie magiquement par un ET. Cet ET (la société actuelle étant définie comme Patriarcale ET capitaliste) ne repose, dans leurs analyses que par la place particulière qu’auraient les femmes salariées dans notre société. Elles seraient d’un côté Femmes dans la famille et salariées dans le prétendu système économique général. A la limite, elles reconnaissent que les femmes salariées ne sont pas seulement opprimées en tant que salariés (au masculin), mais aussi en tant que femmes, mais uniquement par rapport aux salaires, aux emplois particuliers et à la place dans la hiérarchie. Mais d’exploitation spécifique dans l’économie dite générale, jamais (ou seulement en confondant exploitation et oppression dans ce sens particulier.)

Il est évident qu’une telle analyse “ne peut tenir " que si l’on coupe les Femmes en deux (non pas la classe mais chaque femme), que si l’on admet que la classe des hommes a conscience de cette coupure schizophrénique. Cette théorie entretient surtout l’illusion catastrophique pour nous que la classe des femmes n’existe pas ou qu’elle n’existe que par rapport à un “privé” qui s’oppose à l’économie générale.

Bien que ces féministes radicales aient reconnu que l’exploitation et l’oppression des femmes sont les conditions essentielles à l’existence “ d’un autre” système d’exploitation, elles n’ont pu nous voir que comme faisant partie de la reproduction de la force de travail des hommes. Stratégiquement, cela implique toujours la soumission à la libération du prolétariat, les femmes salariées défendant leur spécifique pendant la "révolution”, ou le faisant prendre en compte dans le socialisme à visage français. Que devient l’ensemble de la classe des femmes dans ce raisonnement ?

Quand nous parlons de contradictions, nous ne faisons pas un "effilage" de mots répétitifs. Nous pensons que seule l’utilisation de la dialectique peut nous aider à analyser la réalité pour la transformer. Les féministes qui ne voient le "couple" hommes/femmes que comme quelque chose de passif, nous empêchent de lutter. En effet s’il n’existe plus de contradictions entre Hommes et Femmes, entre la classe des hommes et la classe des femmes, autant aller se coucher. Les contradictions ne sont pas quelque chose d’immuable dans leur unité et leur lutte. Quand elles voient que la contradiction prolétariat/bourgeoisie ou plus généralement toutes les contradictions et leurs résolutions qu’a connu la classe des hommes à travers l’histoire, elles reconnaissent que ces contradictions et la lutte de leurs aspects contradictoires, peuvent changer la réalité (nous ne sommes plus dans la société féodale). Mais quand elles refusent de voir la lutte entre l’aspect hommes et l’aspect femmes de la contradiction des sexes, cela signifie non seulement ce que l’on a montré plus haut, mais aussi que les femmes ne pourront jamais se libérer, ou qu’à la limite, il faudra attendre “le bon cœur" des hommes (ce qui est la moralité, entre autres, des articles de C. Guillaumin dans ses articles de Questions Féministes).

3) L’exploitation et l’oppression de la classe des femmes par la classe des hommes se combine avec l’exploitation et l’oppression de certains groupes d’hommes par d’autres, selon des mécanismes qui ne sont pas réductibles à la division Hommes/Femmes.

Mais peut-on dire que ces contradictions (bourgeoisie/prolétariat par exemple) ne sont que des contradictions à l’intérieur de la classe des hommes ? d’abord une classe peut-elle être traversée par des contradictions antagonistes sans cesser d’être une classe et d’avoir fondamentalement des intérêts communs (à l’intérieur de la classe des hommes des groupes s’affrontent pour la possession des moyens de production mais se retrouvent côte à côte pour exploiter les femmes) ?

Les femmes salariées sont des femmes et sont exploitées comme telles au bénéfice de toute la classe des hommes. Les intérêts qui les unissent avec les prolétaires hommes sont secondaires par rapport à ce qui les opposent (l’oppression hommes/femmes).

Doit-on en conclure que la classe ouvrière n’existe pas comme classe ? Ou que c’est tout de même une classe (face à la bourgeoisie) mais divisée en deux catégories antagonistes ?

En tout cas, il est certain que les classes appelées bourgeoisie, classe des grands propriétaires fonciers etc.. sont des groupes de la classe des hommes, les femmes qui épousent des hommes de ces classes ne devenant pas par le mariage membre de la classe, car il est très rare qu’elles soient propriétaires des moyens de production. (et c’est le rapport aux moyens de production qui définit une classe).

Quelques précisions :

La contradiction principale de notre société (et de toutes les sociétés historiquement connues) est la contradiction homme/femme. Seule la résolution de cette contradiction permettra un changement radical de société. Cette contradiction étant antagoniste (c’est-à-dire qu’elle repose sur l’opposition fondamentale des intérêts de classes), elle demandera une résolution violente et une lutte longue pour faire disparaitre les catégories hommes/femmes (quelques soient les formes que nous puissions imaginer actuellement pour faire disparaitre ces catégories : dictature des femmes sur la classe des hommes ; c’est-à-dire création de L’ETAT des femmes ; séparation sociale des deux classes... mais cette solution ne nous semble pas dialectique et surtout suicidaire) dans une société, il existe, en dehors de la contradiction principale, d’autres contradictions secondaires (antagonistes ou non), mais qui dépendent de cette contradiction principale, même si celles-ci exercent, en retour une action sur elle. A l’intérieur de la classe des hommes, il existe des contradictions non antagonistes mais qui dans des conditions déterminées le deviennent. Elles sont non antagonistes dans la mesure où elles reposent sur la coïncidence d’intérêts fondamentaux (exploitation et oppression des femmes), mais antagonistes dans la mesure où il faut se partager l’ensemble des biens sociaux (dont les femmes) et le monde entier (impérialisme).

La classe ouvrière a toujours été définie par rapport à la non propriété des moyens de production. Ceci est vrai dans la mesure où, une fois de plus, on raisonne en terme “d’économie générale" et "d’économie domestique". Il est vrai (si l’on garde ce raisonnement) que dans cette économie générale les ouvriers, pas plus que les "ouvrières" ne détiennent de moyens de production, par contre dans cette économie domestique, les hommes exploitent la force de travail des femmes, donc sont possesseurs de moyens de production. (et que l’on ne vienne plus nous embrouiller où nous camoufler cette exploitation au nom de la plus value qui devient l’argument ultime de certaines féministes -Théry par exemple dans La Revue d’en Face- qui tiennent le raisonnement suivant : il n’y a pas de création de plus value par les femmes prétendument au foyer parce qu’elles ne sont pas salariées et ne dépendent pas de l’économie marchande. La plus value devenant la preuve matérielle, pour elles, de l’exploitation en général. Ainsi aucun esclave n’a été exploité dans le monde, puisque qu’à cette époque il n’y avait ni économie marchande ni plus value !!!).

Cette exploitation est même plus profonde que cela, dans la mesure où ce n’est pas seulement de la force de travail des femmes dont ils disposent mais de l’outil producteur de ce travail. Les femmes sont des moyens de production.

Si nous raisonnons par rapport à l’ensemble de la société, cette coupure artificielle entre le général et le domestique, n’existant pas, les ouvriers possèdent des moyens de production. Ainsi, si nous gardons en tête la définition marxiste des classes, les hommes et les femmes ne peuvent appartenir à la même classe. La classe ouvrière est, à la limite, une classe d’hommes ou plutôt un groupe de cette classe.

4) Donc, si toute l’histoire est celle d’une société dominée par la classe des hommes, la division en classes Hommes/Femmes ne peut expliquer à elle seule toute l’histoire, il faut prendre en considération aussi les intérêts autres qui sont en jeu (même s’ils sont secondaires) et les groupes sociaux en lutte.

Ces conflits, s’ils ne sont pas réductibles directement à la division Hommes/Femmes, nous concernent très profondément, notre condition, nos possibilités de luttes (plus ou moins favorables en tout cas différentes) en dépendent. Il faut donc analyser de notre point de vue ce qu’on appelle capitalisme, colonialisme, fascisme, etc. Les luttes se déroulent dans des conditions différentes dans un pays fasciste, colonisé, décolonisé etc..., même si c’est de toute façon la classe des hommes ou une fraction d’entre elle qui domine.

Mais il faut aller plus loin, non seulement analyser, mais intervenir politiquement en tant que LR (de façon autonome bien sûr, il n’est pas question de luttes mixtes) par rapport à tout cela, dépassant le sentiment d’impuissance que nous avons, le sentiment que les femmes sont exclues de l’histoire, de la politique internationale par exemple, voir en quoi l’antagonisme Hommes/Femmes est présent partout, et donc définir une stratégie globale.

Il faut surtout comprendre comment toutes les contradictions agissent sur la contradiction H/F, pour ne pas brader à la première menace toutes nos analyses, comme on l’a vu dans le mouvement féministe, comme par exemple devant l’épouvantail d’une troisième guerre mondiale, devant une prétendue "fascisation" en France ou une flambée antisémite, où là, toutes tendances confondues, il fallait s’allier avec les ennemis, oppresseurs ou violeurs de la veille.

5) Nous nous battons contre la classe des hommes dans son ensemble, quelque soit la fraction de Cette classe qui est au pouvoir. Comme en dernière analyse toutes les oppressions viennent du pouvoir des hommes, il est logique que notre lutte contre ce pouvoir puisse aboutir à la destruction de toutes les oppressions.

Il est important de bien comprendre l’ensemble de la classe des femmes comme une classe d’êtres appropriés. L’appropriation étant une forme d’exploitation où ce n’est pas seulement la force de travail qui est appropriée mais aussi la totalité de la personne. L’idéologie mise en place pour maintenir cette appropriation est unique en son genre, bien que des formes similaires d’appropriation puissent être retrouvées dans l’histoire connue (esclavage), en ce qu’elle nie l’existence même cette appropriation. Là encore il faut insister sur la différence qui existe avec le système esclavagiste où, si l’on retrouve le naturalisme pour justifier l’exploitation, les esclaves sont tout de même conscients (en tout cas un peu plus) d’être exploités et ont la connaissance d’une histoire intérieure où ils ne l’étaient pas.

Les femmes sont censées "aimer" leurs oppresseurs et ce type de relation ne peut non plus être assimilé à "l’amour" de l’esclave pour son maître. De plus, autre particularité fondamentale, les femmes sont aussi utilisées pour reproduire des oppresseurs.

Cependant ce système d’exploitation et d’oppression des femmes par les hommes a des failles, des contradictions, contradictions variant d’ailleurs avec le type de contradictions existant au sein de la classe des hommes (les différents modes de production). Ainsi les femmes ont le droit de refuser certains aspects de l’appropriation : elles peuvent, en résistant à l’idéologie, refuser de se marier ou d’avoir des relations "sexuelles" ou "amicales" avec un homme, rejeter les mâles de leur famille.

La distinction entre appropriation privée et collective semble être tout à fait fausse dans la mesure où il n’existe pas deux systèmes d’exploitation (l’un domestique et l’autre général).

Cette théorie apparait plutôt comme une tentative de conciliation entre le féminisme radical qui parle de classes de sexe et le marxisme (valeur marchande, plus value etc. ). Chaque femme appartient d’abord à l’ensemble de la classe des hommes et les conflits qui peuvent exister entre les hommes au sujet de la propriété d’une femme ne sont que le résultat de contradictions au sein de la classe des hommes. Les femmes sont elles même des moyens de production et n’interviennent dans les rapports de production qu’en tant qu’êtres appropriés, c’est-à-dire qu’elles subissent les contradictions qui opposent des groupes sociaux masculins différents, qu’au titre de propriété de l’un ou l’autre groupe. Il a souvent été démontré que les femmes bourgeoises n’existaient pas, qu’elles n’étaient que femmes ou filles de bourgeois, il en est de même pour les prolétaires, les colonisées, etc.

C’est ainsi qu’il faut bien prendre en compte le fait que la "situation" des femmes (leur condition d’exploitation et d’oppression) est variable en fonction de la classe et la culture des hommes auxquels elles appartiennent, et qu’elles peuvent, soit en tirer certains bénéfices relatifs, c’est-à-dire, toujours dans le cadre de l’appropriation, soit en pâtir plus que d’autres. Par exemple, du strict point de vue de la "condition" des femmes, il nous semble préférable d’être appropriée par un/des hommes (mari, père, etc...) de la classe bourgeoise d’une société capitaliste, libérale que par un/des hommes de la classe la plus exploitée d’une société de type féodale, musulmane, par exemple. L’appropriation, quelle qu’elle soit, est en elle-même intolérable, mais il apparait qu’elle peut être plus ou moins contraignante, annihilante et qu’on peut plus ou moins facilement y résister suivant les cas. Par exemple nous ne sommes ni excisées, ni voilées, ni dans un harem... mais nous pouvons créer un mouvement de lesbiennes radicales. Nous n’avons pas pour autant à dire merci aux hommes, mais à maintenir notre résistance et notre lutte.

Cette analyse doit nous permettre de repenser totalement en d’autres termes la société en général, ses valeurs culturelles, et surtout les contradictions (prolétariat/bourgeoisie ; colonialisme/peuples colonisés ; impérialisme/luttes de libération nationales, etc...) déjà reconnues. Notre lutte ne peut, ne doit être que celle de la classe des femmes contre la classe des hommes, quelle que soit la place de ces hommes dans la société. Cela exclut toute alliance avec un groupe quelconque de cette classe au nom de la lutte contre le fascisme, le racisme, le communisme ou autre.

Lutter contre la classe des hommes dans son ensemble revient à lutter contre tous les systèmes oppressifs que cette classe a mis en place.

II - origines

Un certain nombre de travaux tentent de cerner l’origine de la division en classes H/F et de l’oppression de la première sur la deuxième, et formulant un certain nombre d’hypothèses. Voir les livres d’Engels, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, Borneman, Le patriarcat, Evelyn Reed, Féminisme et anthropologie, Moscovici, La société contre nature, Pierre Samuel, Amazones, guerrières et gaillardes, Kanter, Les amazones, une étude marxiste, et aussi Bachoffen, Morgan…

De toute façon malgré tout ce que nous ignorons, il est nécessaire de combattre l’idéologie naturaliste qui prétend que l’oppression de classes H/F se base sur la différence biologique ; c’est au contraire la division en classes et l’oppression et l’exploitation de l’une par l’autre qui donne un sens, qui rend pertinente la différence biologique.

Il serait nécessaire que les lesbiennes réfléchissent et fassent des recherches sur ces questions, en anthropologie, en histoire ...

Dire, comme cela a été fait par des féministes bien pensant(e)s que l’oppression des femmes par les hommes est la première des oppressions et qu’elle a servi de base à toutes celles à venir, nous semble être un a priori naturaliste. Nous ne voulons pas faire de préhistoire fiction et imaginer un quelconque "communisme primitif", un matriarcat ou encore une division "naturelle" du travail (la femme pondeuse et couveuse et l’homme chassant le mammouth à coups de gourdin), alors que nous n’avons actuellement aucun élément scientifique sérieux pour élaborer une théorie des origines.

Voir dans l’oppression des femmes par les hommes la première des oppressions ne peut se justifier que par des arguments naturalistes de différence biologique .Il s’agit donc à l’heure actuelle d’un faux problème qui ne doit plus nous empêcher d’analyser les systèmes historiquement connus objectivement.

Ne peut-on se demander ce que signifie politiquement cette frénésie de la recherche de l’origine de la division de la société en classes ? Ne sous entend-elle pas que cette connaissance “magiquement" changerait les choses pour nous ? Pourquoi certaines mettent toutes leur énergie à cette “découverte”, plutôt que d’analyser l’oppression actuelle et lutter concrètement contre (par exemple de grands groupes d’idéalistes américaines) ?

III - dénomination

Quelle dénomination donner à ce système pour qu’elle reflète le mieux possible la réalité ?

Le concept de patriarcat qui étymologiquement, signifie pouvoir des pères sur l’ensemble de la famille (aussi bien frères, cousins, fils, femmes diverses etc.) est ambigu. Ce concept, s’il décrit une réalité (les patriarches ont encore un pouvoir), exprime très mal la division de la société en classes hommes / femmes, même si des féministes ont essayé de le moderniser. (pour la critique de ce concept voir aussi C. Guillaumin dans Q.F. n° 4 page 102).

Phallocratie n’exprime pas l’aspect exploitation économique.

Exploitation de sexe, sexisme, sexage... semblent mieux (à certaines d’entre nos) parce qu’ils cernent mieux la réalité en montrant l’exploitation - oppression des femmes.

Le marxisme formule une série de termes et établit une périodisation selon les modes de production (esclavagisme, féodalisme, capitalisme etc.). Il est évident que ces termes ne prennent pas en compte (le marxisme ne le fait pas) la division hommes/femmes.

Alors la périphrase employée en anglais “male dominated society" ne serait-elle pas la meilleure expression à la fois de la globalité et de l’aspect principal du système ?

Deux d’entre nous pensons que le terme de phallocratie est pour l’instant le mieux adapté :

- d’abord, s’il est apparu dans les tous premiers textes du MLF et du FHAR, il a été très vite enfoui au profit du patriarcat, pour la simple raison qu’il désignait d’emblée, l’ennemi.

- la critique selon laquelle ce terme n’exprimerait pas l’aspect économique, nous semble idéaliste dans la mesure où tout pouvoir repose sur une base économique. Il n’en reste pas moins que nous pouvons l’affiner en PHALLISME ou quelque chose d’approchant.

- par contre le terme de sexage (ou sexagisme) semble se baser sur un raisonnement analogique à l’esclavage (ou esclavagisme), or, nous avons montré plus haut que malgré les similitudes qu’ils pouvaient exister entre les deux systèmes, les différences étaient notoires. La discussion n’est pas clause, nous pensons que plus notre analyse de l’exploitation et de l’oppression se précisera, plus il sera aisé de trouver ce nom générique !. Soyons "modestes", nous n’avons pas encore su répondre à la question des systèmes économiques que nous posions.

IV – sur quelques aspects de l’exploitation-oppression des femmes

1) l’exploitation et l’oppression exercées par la classe des hommes sur celle des femmes peut être exprimée par le concept d’appropriation qui montre bien que les hommes s’emparent des femmes toutes entières (leur corps, leur temps, leur capacité de reproduction…) et non seulement de leur force de travail. Peut-on distinguer appropriation privée et collective ? Les lesbiennes échappent-elles à l’appropriation ? Nous pensons qu’il faut partir de l’idée qu’être lesbienne n’est pas une condition, mais une position (c’est-à-dire quelque chose de choisi, d’acquis contre l’oppression, par la lutte).

2) les femmes sont des objets appropriés par la classe des hommes qu’elles soient à l’usine ou dans la famille. Si les hommes sont divisés par certains intérêts, ils sont unis pour exercer et bénéficier de la domination de classe sur les femmes. On ne peut diviser artificiellement la femme salariée le jour, la femme à la maison le soir et recoller les morceaux en parlant de la "double journée de travail". C’est une seule et même journée d’appropriation.

3) Il est important de souligner que la domination de la classe des hommes sur la classe des femmes s’exerce dans toutes les instances de la société (car certaines oublient au surestiment telle ou telle de ces instances).

Sont indissolublement liés :

- la domination économique

- qui existe par un pouvoir politique (exercé par les appareils d’État étant celui de la classe des hommes ; et par des mécanismes de répression non directement étatique)

- qui est maintenue par une idéologie idéaliste, celle de la nature.

A propos des lesbiennes dans la classe des femmes :

Nous nous sommes, depuis longtemps demandé, si elles appartenaient ou non à la classe des femmes. Il faut dire que la façon dont cette classe avait été analysée précédemment par les féministes nous conduisait à dire elles appartiennent à cette classe et elles n’appartiennent pas à celle-ci.

Il nous semble plus juste de partir des contradictions internes à notre classe et voir quelle est la place des lesbiennes dans celle-ci. Il nous semble insuffisant de dire que les lesbiennes ont une "position" différente dans la société, cette position n’est pas uniquement politique, elle est aussi économique (sauf si l’on garde la grande coupure féministe de la société, les lesbiennes ne sont pas exploitées de la même façon que les autres femmes.

Ce texte a été fait sur la base d’une première synthèse des idées exprimées dans le groupe sur les classes. Des critiques et des précisions y ont été apportées par la suite, les “+” marquent les différentes personnes qui interviennent.

c- FEMINISME ET LESBIANISME RADICAL

Claudie, Graziella, Irène, Martine, Françoise - Front des lesbiennes radicales. Rencontre des 14 et 15 novembre 1981. Réédition : Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui, mai 1986, vol. 4, n°1, p. 112-126

Ce texte est le résultat du travail et des discussions de cinq lesbiennes du Front. Il n’est pas définitif. Il est simplement la mise en forme de questions, d’axes de réflexion et d’un début d’analyse. Il sera, bien entendu, approfondi après la rencontre.

Pour la présentation nous avons gardé la méthode de notre travail, c’est à dire, ossature du texte qui était la synthèse de nos discussions, et critiques point par point de cette ossature.

I - notre critique du féminisme

1) Pratiques répressives et culpabilisantes envers les lesbiennes. Mais utilisation de leur force, de leur activité, en les obligeant à se nier en tant que telles. Accusations faites aux lesbiennes qui veulent s’affirmer de "diviser les femmes". Discriminations, mépris ou indifférence envers les femmes homosexuelles "non politisées".

Critiques : il ne faut pas mettre dans la critique du Féminisme, en avant (en premier ) la répression du Lesbianisme :
- elle n’a existé que dans certains groupes sous une forme globale (négation de l’existence même des lesbiennes, prise en compte des problèmes uniquement hétéros).

- elle n’a été affirmée politiquement que contre les lesbiennes politiques (pas contre les lesbiennes féministes) c’est à dire celles qui voulaient mettre en avant une lutte politique globale à partir du Lesbianisme. Par exemple dans les groupes féministes radicaux, les lesbiennes féministes luttant dans le MLF et se retrouvant sur le thème de leur "identité" étaient tout a fait acceptées.
"diviser les femmes" : accusations faites surtout aux lesbiennes politiques dès qu’elles exprimaient la velléité de faire un mouvement autonome ou qu’elles faisaient des analyses critiquant un tant soit peu l’hétérosystème. Quant au fond, cette critique des "lesbiennes diviseuses des femmes", nous semble relever de cette théorie spontanéiste des stades, qui consiste à faire croire que chaque femme doit franchir un certain nombre de marches d’escalier avant d’atteindre le pallier du Féminisme et de l’Homosexualité. Il faudrait que les femmes n’aient qu’une connaissance partielle de l’oppression, qu’elles la digèrent pour ensuite passer à une autre marche de cet escalier. A "nous" bien sûr de leur donner la becquée, en y mettant toute notre énergie, mais en ne leur donnant que de petites bouchées à chaque fois. Mais cette technique :

* se double toujours de la peur effroyable de “l’isolement” (??), comme si une femme prenant conscience de l’oppression allait s’effrayer et partir au galop. En fin de compte, la "conscience", la connaissance restent toujours une sorte d’objet de terreur, quelque chose de négatif, qui ne peut aider à lutter.
* s’accompagne toujours de la nécessité de "construire" un mouvement de masse unitaire, pour la majorité des femmes, regroupées en tant que femmes et non sur des objectifs clairs de lutte. Le dernier aspect de cette technique c’est de traiter toutes celles qui ne sont pas d’accord pour un magma massif et hétéro, à prise de conscience graduée de terroristes. Dire ce que l’on pense de l’hétérosystème, c’est à dire de l’oppression devient alors du terrorisme.

2) Pas de remise en cause de l’hétérosexualité comme Politique de la classe des hommes ; au mieux, une remise en cause de l’hétérosexualité comme "norme” au nom de la “liberté sexuelle", ce qui revient à mettre sur le même plan Lesbianisme et Hétérosexualité, et à limiter le problème à une question sexuelle. Et même justification de l’hétérosexualité comme " terrain de lutte” contre les hommes (et les lesbiennes ne sont que de lâches déserteuses ) voir Questions Féministes n° 7, E. de Lesseps, "Hétérosexualité et Féminisme", La Revue d’En Face, n° 9-10, Spécial collaboration.

Critique : développer : l’hétérosexualité politique de la classe des hommes. L’hétérosystème en général, et l’hétérosexualité en particulier, permettent par les conditions matérielles qu’ils impliquent et l’idéologie qu’ils véhiculent, le maintien de l’exploitation et de l’oppression de la classe des femmes par la classe des hommes. L’hétérosvstème est le fondement même de la société et ne pas le remettre en cause et ne pas vouloir le détruire rend vaine et hypocrite toute prétendue lutte pour la Libération Des Femmes. Il nous semble fondamental de repréciser que l’hétérosocialité et l’hétérosexualité sont l’essence (la substance même) même du pouvoir hétéropatriarcal ou phallocratique. En effet, il n’y a pas d’abord un Patriarcat qui existerait en dehors même de ses fondements, de son essence, et ensuite l’hétérosocialité et l’hétérosexualité qu’il s’inventerait, même comme stratégie. Cela a toujours été le raisonnement des Féministes ; couper le "patriarcat" de son essence, ce qui permettait en dernière analyse de "combattre” une chose planante et immanente, désincarnée, une sorte de dieu ( la lutte symboliste de psyképo est dans la droite ligne de cette théorie féministe). Nous retrouvons cet idéalisme dans toutes les analyses du Féminisme, le pouvoir n’a jamais de bases, de racines, donc aucune stratégie ne peut le combattre. Tout devient une série d’abstractions, sans aucun lien, la classe des hommes est une addition d’individus.

3) Refus d’une perspective de rupture stratégique avec les hommes : les luttes Féministes aboutissent de fait à aménager, améliorer les rapports hommes/femmes (voir le problème des luttes pour l’avortement, la contraception, l’emploi, les femmes battues, le viol …).

Critique : il faut développer la notion de stratégie de rupture avec les hommes (conséquence évidente de la remise en cause de l’hétérosystème). Refus de la collaboration de classe avec l’oppresseur, alors que le Féminisme, même radical, mène un faux combat où il dénonce la classe des hommes comme une classe d’ennemis, mais mène des luttes ne visant qu’à l’amélioration et l’aménagement de la vie dans le même cadre d’exploitation et d’oppression.

4) Refus d’impulser une possibilité d’approfondissement théorique pour toutes les militantes ( c’est à dire favoriser le flou politique, assurer le pouvoir d’une élite et conforter l’idéologie : la "scientificité c’est les valeurs masculines, pour nous, femmes, c’est le vécu, le sensible").

Donc pas de combat véritable contre le naturalisme : de fait l’anti-naturalisme féministe (de façade) cache (mal) un naturalisme antilesbien. (voir S. de Beauvoir dans le deuxième sexe le chapitre : "La Lesbienne"). L’anti-lesbianisme ne peut d’ailleurs être l’expression que d’une conception naturaliste.

Critique : refus d’approfondissement théorique pour toutes les militantes féministes se manifeste essentiellement par l’affirmation (répétée surtout par Delphy cf NQF n° l) de la "diversité du mouvement", autant de MLF que de groupes etc... ce qui sous entend effectivement l’idée (naturaliste) que tout regroupement de femmes lutte contre l’oppression (quoique nous fassions entre femmes, c’est féministe, subversif etc…).

L’une de ces perles “anarchosyndicalistes” étant le marais "1000 et une tendance(s)" qui a été la quintessence de ce spontanéisme. Chaque femme est une tendance du Féminisme en soi, il ne peut y avoir de théorie.

Le mouvement est tout, le but final n’est rien. D’où ce mouvement perpétuel de toupies, cette remise en cause systématique de tout ce qui peut être dit, devient une incapacité organisée à tirer les leçons du passé. Mais ne nous y trompons pas, cela signifie toujours la mise en place camouflée d’un leadership. Direction d’autant plus dangereuse qu’elle n’est pas reconnue structurellement comme telle. L’une des conséquences de ce flou organisé, fut que toutes les lesbiennes qui se regroupaient et défendaient des positions semblables, se faisaient traiter de sectaires et de staliniennes ...

Le naturalisme anti-lesbien est à développer. Antilesbien politique : le Refus de voir dans le lesbianisme radical une position politique, une lutte contre le système phallocratique, le fait réaffirmé qu’il ne s’agit là que d’une question de sexualité ne peut se juger théoriquement que par une conception naturaliste du “désir” (on désirerait des femmes et pas des hommes). Si ce désir n’ est pas politique, il ne peut faire référence qu’à une nature (instinct ou sous forme plus moderne, psychanalytique : pulsion). Mais si le “désir" n’est pas politique, le ‘’désir" des hommes non plus, l’hétérosexualité devient quelque chose de “naturel”.

C’est une position très intéressante à étudier. Que, pour les féministes, l’hétérosexualité soit quant au fond “naturelle”. (même si elles ont proclamé superficiellement le contraire) nous le savons déjà, mais cela montre, aussi, que pour elles, nous sommes restées contre-nature.

Par contre, il nous semble évident que le Lesbianisme est anti-naturaliste, non seulement parce qu’il s’affirme comme politique mais aussi parce que conscient ou non, il est en lutte contre la féminitude. Que des lesbiennes “se vivent" encore comme contre-nature est un autre problème.

5)"Ambiguïté du terme “féminisme" : le sens dominant de ce terme est “lutter pour les femmes" alors que nous voulons une destruction des Hommes et des Femmes en tant que catégories sociales. Le terme Lesbianisme Radical quant à lui fait clairement apparaitre la rupture avec les hommes. (cf Monique Wittig Q.F numéro 8)

Remarque : une objection est présentée par des Lesbiennes Radicales :

- ne peut-on garder le terme Féminisme en lui donnant notre sens ?

- le terme hétéroféminisme n’est-il pas plus précis pour faire comprendre nos critiques ?

Critique : la question du terme “féministe"

- en général être féministe c’est lutter pour les femmes,

- de là le facile glissement “féminisme” équivaut à “femme" et être anti-féministe ne peut vouloir dire qu’être anti-femme (il faudrait se poser la question de l’origine naturaliste de cette position).

critique :

1) le Féminisme est la théorie des hommes et des femmes prétendant lutter pour la Libération des femmes sans lutter contre l’hétérosystème. Le Féminisme est une théorie totalitaire qui prétend être la seule à lutter contre l’oppression des femmes

2) certaines Lesbiennes Radicales restent attachées pour des raisons historiques (et autres) au terme de Féminisme, affirmant que le Féminisme est bien la lutte pour la Libération des Femmes, que la logique de cette lutte, c’est le Lesbianisme politique et que toutes les Féministes non Lesbiennes Radicales ne sont pas de vraies Féministes. Cette conception est dangereuse dans la mesure où :

- elle entretient une confusion dans l’esprit de tout le monde, confusion que nous ne pourrons, vu l’état de nos forces, pas éclaircir de si tôt. (pas plus que n’a été éclairci pour la majorité des gens la subtile confusion entretenue par psyképo entre Féminisme et MLF),

- par ailleurs, déclarer que nos adversaires politiques, les "féministes", ne sont pas Féministes et évacuer ainsi d’une certaine façon le problème posé par l’existence d’un mouvement relativement puissant, c’est sous estimer les adversaires en question et donc, ne pas se donner les moyens de lutter contre elles.

3) le terme Féminisme fait référence à femmes ce qui peut difficilement nous convenir, dans la mesure où nous luttons pour la destruction des classes de sexe, et surtout où nous luttons à partir d’une position sociale et politique qui seule rend cette lutte valide, une position de rupture d’avec les hommes exprimée clairement dans le terme même qui nous désigne : le Lesbianisme Radical.

4) les analyses qui précèdent mettent en évidence le fait que le terme "amélioré" d’hétéroféminisme, s’il a pu être au début de nos analyses une étape critique, ne peut plus apparaitre maintenant que comme un pléonasme.

Il nous semble intéressant de nous demander s’il existe une orthodoxie féministe, comme il existe une orthodoxie marxiste ou chrétienne. En effet, selon ces lesbiennes, logiquement, nous assisterions à la domination d’une tendance révisionniste dans le mouvement féministe. On peut aussi se demander si cette tendance Féministe Radicale assimilée au Lesbianisme Radical a existé ailleurs due dans les têtes ?...

B – Les lesbiennes hors du féminisme

1) Il nous semble important d’analyser ce qu’a pu être le FRONT HOMOSEXUEL D’ACTION REVOLLUTIONNAIRE lors de sa création : d’abord parce qu’il fut crée par des lesbiennes, ensuite parce qu’il est apparu à la même époque que LE MOUVEMENT DE LIBERATION DES FEMMES. Il nous faudra répondre à la question : pourquoi ce mouvement homo, au delà du problème de sa mixité, n’a pu se développer comme mouvement politique autonome (du MLF et du Féminisme de Lesbiennes) ? Pourquoi certaines des lesbiennes qui l’impulsèrent furent amenées rapidement à une double militance (lesbienne et féministe) ?. Pour faire taire ce qui était l’essence de leur lutte, c’est à dire le Lesbianisme ? Ce non développement du FHAR comme mouvement Lesbien a contraint des lesbiennes à rejoindre le MLF, à le renforcer, et à donner toute leur énergie dans une lutte qui n’était pas la leur. (même si, à cette époque, elles ne faisaient pas l’analyse que nous faisons actuellement du Féminisme). Toutefois, beaucoup de lesbiennes se sont jointes, avant d’être féministes, au MLF, surtout pour retrouver des homosexuelles et d’autres n’y ont jamais mis les pieds, ne se sentant pas concerné par cette lutte. Elles ont rejoint par un cheminement non féministe éventuellement groupes homo, etc...) le Front des lesbiennes radicales.

2) Il nous faudra aussi analyser le rôle qu’a pu jouer ou non le GROUPE DES LESBIENNES DE PARIS (cf Masques n° 1) qui fut impulsé par des lesbiennes non féministes (qui refusaient le Féminisme comme aménagement de l’hétérosexualité) même si un grand nombre de lesbiennes féministes y passèrent.

C – Les lesbiennes dans le féminisme

Des lesbiennes se sont cependant à plusieurs reprises regroupées entre elles (Gouines Rouges, Groupes de Lesbiennes Féministes, etc.)

1) Ces groupes ne posaient pas le Lesbianisme comme une base politique, mais assumaient la division :

- lesbianisme : du côté du vécu, de l’affectif, du sexuel, du culturel…

- féminisme : la dimension politique.

2) Ils n’ont donc pas pu dépasser le domaine des discussions , sur le “vécu" (en fait le plus souvent il y avaient des juxtapositions de prises de paroles sans véritables analyses) pour déboucher sur une pratique politique collective, et ont tous fini par se dissoudre...

3) Pourquoi ces limites et ces échecs ?

Quelques explications possibles :

- poids de la norme féministe, les lesbiennes étant victimes de l’idée que la seule théorie –idéologie- politique dans l’intérêt des femmes est le Féminisme.

- les lesbiennes ont pu servir cette théorie à cause de la culpabilisation fortement intériorisée, le Féminisme apparaissant comme une caution respectable à l’homosexualité.

Critique : Il est important de signaler que certains groupes de lesbiennes ne se sont pas constitués uniquement sur la base du “vécu". Par exemples le groupe qui s’est formé lors de la parution de MASQUES, s’est essentiellement axé sur la critique de ce numéro et de sa ligne politique, à savoir la négation de classes de sexe et par là même la négation de l’ensemble de l’exploitation et de l’oppression de la classe des femmes par l’ensemble de la classe des hommes. Ce groupe eut une démarche entièrement contradictoire dans la mesure ou il voulait d’une part conforter le Féminisme Radical et d’autre part critiquer toutes les analyses lesbiennes des femmes de cette revue.

Un autre groupe a voulu renforcer le courant Féministe Radical par tout l’apport du Lesbianisme politique. Ce groupe ne voulait pas comprendre que c’était continuer de raisonner dans le cadre de l’adversaire, à perpétuer l’illusion d’une usurpation et déformation du Féminisme Radical.

Il nous semble aussi important de rappeler :

- l’incapacité théorique (vue les analyses féministes) à comprendre et à développer, à partir de notre pratique sociale, de notre place particulière dans la société, une politique lesbienne,

- la méconnaissance et par la même la mythification des luttes passées,

- les pseudo bénéfices que nous tirions de notre militantisme avec les hétéros. Il est vrai que dans un mouvement où le Lesbianisme apparaissait (pour certaines) comme la logique du Féminisme, nous apparaissions dans les rapports de drague et de séduction, en particulier, comme les plus "cohérentes" et les plus “logiques". (il est intéressant une fois de plus de constater que la "conversion" d’hétéro en lesbienne semble passer exclusivement par le lit. C’est ce qui continue toujours dans le MLF (l’un et l’autre), toujours grâce à cette merveilleuse théorie de l’escalier. Quel sens du pouvoir !).

D- A propos de 10 ans d’histoire du MLF

Ce n’est pas un hasard si aucune féministe n’a pu produire une analyse un tant soit peu intéressante de cette histoire (voir C. Delphy, Libération des femmes an 10 dans QF n °7 ; G. Fraisse, La solitude volontaire, pour une politique des femmes dans Révolte Logique n° spécial les lauriers de mai ; numéro de juillet 81 du Temps des Femmes).
En fait seul un point de vue lesbien radical peut éclairer ce passé. Non que nous ne prétendions pas avoir fait cette analyse, ce bilan. Ils sont à faire...

Quelques questions

1)réévaluer le “Féminisme radical" (des années 70)

Que penser de son rôle au début du MLF où éclatent la révolte, les dénonciations et prises de conscience de nombreux aspects de l’exploitation - oppression des femmes, les ruptures avec la politique traditionnelle ?

Que penser de son rôle par rapport au Lesbianisme ? N’a-t-il pas contribué à le nier ? (bien que la plupart des Féministes Révolutionnaires furent lesbiennes).

Mais de toute façon apparaissent :

- ses impasses théoriques,

- son incapacité à définir une stratégie,

- son refus d’attaquer de front l’hétérosexualité (relire à ce propos C. Delphy, L’ennemi principal dans Partisans Libération des Femmes année zéro).

Critique : bien qu’il soit important d’analyser le courant Féministe Révolutionnaire dans le MLF, il nous semble tout aussi important de ne pas confondre sa démarche personnelle et individuelle avec une analyse objective de ce courant. Aucune analyse du courant Féministe Révolutionnaire ne peut être faite isolément, c’est à dire sans prendre en compte l’existence du FHAR.

2) Psyképo : c’est le type même du courant Féministe socialiste qui malgré les apparences est resté cohérent depuis 10 ans, avec une justification théorique naturaliste.

3) Quelques années d’hégémonie d’un “féminisme lutte de classe" (au sens traditionnel) ou “féminisme socialiste” qui n’a tenté que de soumettre les luttes des femmes aux perspectives des organisations masculines d’extrême gauche (c’est à dire une conception politique en termes de prolétariat -bourgeoisie).

4) Une étape assez floue, marquée par un certain nombre d’initiatives (actions plus violentes “reprendre la nuit", féminisme comme " force politique à part entière”, "coordination horizontale” ... ) Tentatives de ruptures... ou aménagement du féminisme ?

Il semble qu’il ne pouvait s’agir là, quant au fond, ni de l’un ni de l’autre, mais plutôt de volonté de renforcer un courant (plus radical) qui existait dans le MLF .

(cf plus haut). Cela ne pouvait être en aucun cas une rupture dans la mesure où toutes ces initiatives restaient dans le cadre du Féminisme, et se fondaient sur lui. Il n’y avait aucun point de vue lesbien qui s’affirmait dans ces initiatives et encore moins une analyse lesbienne ou lesbianiste. La théorisation de la "violence" ne peut résumer la théorisation du Lesbianisme. Toute violence n’est pas lesbienne, même si le Lesbianisme est "violent".

5) la situation aujourd’hui

- une alliance d’un Féminisme Révolutionnaire (très en retrait sur ses points de vue des années 70) et d’un Féminisme Socialiste (qui a dû prendre son autonomie forcée vue la disparition quasi-totale de l’extrême-gauche).

- une crise profonde... qui révèle l’impasse du Féminisme. Niée par les féministes qui attribuent les difficultés à des causes externes, la récupération, la faute à psyképo. (cf Edito de NQF n° 2).

- Comment s’en sortiront-elles ? plusieurs hypothèses : institutionnalisation croissante ? développement d’un Féminisme socialiste marxiste (voir : Marxisme et Féminisme, débat organisé par “Elles voient rouge").

- Et si elles ne s’en sortaient pas ?

Critique : Il nous semble erroné de pouvoir envisager de poser la question “et si elles ne s’en sortaient pas ?”. En effet c’est nier la nature du féminisme. Il ne peut-être dans une impasse, il est une impasse, en lui-même, à la libération des femmes. Si nous pensons que le féminisme ou les Féminismes sont des avatars théories du système phallocratique (ou hétéropatriarcal ou sexagiste, voir le débat en cours dans le mouvement lesbien) nous ne pouvons logiquement penser qu’ils se développeraient dans le sens de la lutte de Libération pour ensuite tomber dans un cul-de-sac. Il faudrait plutôt analyser en quoi il est intrinsèquement une impasse, une théorie de l’aménagement de l’oppression (il ne faut pas nier les avantages, même minimes, qu’il peut apporter aux femmes hétérosexuelles dans le cadre de l’oppression).

La crise du MLF montre plus clairement ce qu’est le Féminisme ; mais comme produit de l’idéologie dominante (même s’il est actuellement véhiculé principalement par des femmes) il s’adapte à la réalité concrète et prend des formes différentes. Si demain, la tendance principale du Féminisme moderne était le Féminisme socialiste (ou marxiste) cela ne montrerait aucune rupture qualitative mais une simple adaptation. Toutefois les MLF ou autre chose, pourraient prendre un aspect différent. Dans la mesure où le féminisme, malgré ce qu’il a essayé de nous faire croire (cf QF numéro 1 édito) n’a jamais été une théorie scientifique pouvant analyser l’ensemble de la réalité objective, apporter des réponses stratégiques et lutter pour transformer cette réalité, il serait temps de parler clairement de notre lutte contre lui. Ce n’est pas parce qu’il a des pratiques logiques avec ses bases que nous le refusons, le quittons, et luttons contre lui. Mais parce qu’il est l’un des plus beaux escamotages historiques. Qu’est-ce que c’est que cette théorie scientifique qui "oublie” dans son analyse de la réalité, son fondement hétérosociale. (Nous ne faisons ici, entre autre que de reprendre le raisonnement juste de C. Delphy dans "pour un Féminisme matérialiste" paru dans L’Arc sur S. De Beauvoir et la lutte des Femmes, raisonnement qui disait : "il est inutile de s’étendre sur les prémisses qui sont ainsi rendues caduques dans chaque discipline particulière ; nous savons que celles de la sociologie, par exemple comportent la négation de l’oppression des femmes" et en conséquence :

- ne peuvent pas en rendre compte, ne peuvent pas trouver à l’arrivée ce qu’elles ont nié au départ,

- ne peuvent que la masquer et dans cette mesure contribuer à la perpétuer.

Qu’est ce que c’est que ce discours "anti-naturaliste" qui intègre dans ses bases cette justification de l’exploitation et de l’oppression qu’est la théorie de la complémentarité via l’hétérosexualité ? (homme + femme = enfant) Qu’est-ce que c’est que cette théorie qui sous prétexte de ne pas se couper ou être entendu DES FEMMES, leur cache la cage dans laquelle elles vivent, même si elles doivent dorer à coup de textes, de manifs, de démagogie, les barreaux de cette cage ? Qu’est-ce que la guérilla hétéro à coups de pilules et d’avortements peut changer à l’exploitation ? La seule stratégie possible des Féminismes est l’aménagement par la conviction des hommes. (l’esclavage sexiste a de beaux jours devant lui.!)

Il nous semble important d’analyser ce que signifie pour le MLF

- la création du FLR,

- la sortie de nombreuses lesbiennes du MLF, en tout cas des plus radicales,

- les contradictions qui ont créé les discussions sur le lesbianisme. Le fait d’en avoir parlé autant n’a pu laisser indifférentes de nombreuses femmes (cf : La revue d’en face qui se sent contrainte de faire l’apologie de l’hétérosexualité ; "elles voient rouge" qui veut prendre en compte “la dimension lesbienne" ; la création du MIEL etc...

E – Le lesbianisme radical

1) Son apparition depuis près de deux ans, n’est pas due au hasard…

Quelques causes :

- la crise du Féminisme levait un des obstacles, nous donnait plus d’espace, rendait urgente le création d’une alternative ... (mais nous avons bien contribué aussi à le mettre en crise !)

- la convergence de plusieurs types de contestation du Féminisme (même si ces contestations ne se disaient pas toutes contestations du Féminisme en général, mais des idéologies et pratiques, qui dominaient).

critique : "la crise du Féminisme nous donnait plus d’espace" ? Est-ce bien là une raison ; Si le Féminisme avait été florissant (dans le réformisme et l’hétérosocialité bien entendu) une prise de conscience lesbienne politique aurait-elle été impossible ?

Ce n’est pas par “dépit” que nous sommes devenues lesbiennes radicales (pas plus que lesbiennes tout court d’ailleurs !) Il est plus probable que c’est l’institutionnalisation du Féminisme et aussi une certaine maturité (passée la joie de “se retrouver entre femmes”) qui ont permis l’émergence du Lesbianisme Radical, parallèlement au développement d’une théorisation féministe inconsistante et menant clairement à l’impasse, et d’une théorisation de l’hétérosexualité féministe (avec tendance à la mixité . Il n’y a pas de crise du féminisme , à moins de ramener le Féminisme à une seule tendance Féministe radicale est en “crise”, mais elle ne résume ni le féminisme ni le MLF.

Si cette tendance est en crise, c’est parce que nous nous sommes essentiellement heurtées à elle.

Le lesbianisme Radical s’est entre autre développé dans la critique de cette tendance. C’était un développement qui ne pouvait , à ce moment, s’arrêter. La logique de ce développement était qu’un mouvement autonome (du Féminisme) de lesbiennes se crée. A partir d’un moment de l’histoire du développement d’un courant, il faut voir principalement ses propres contradictions internes et non l’ancienne contradiction (Féminisme Lesbianisme à l’intérieur du MLF), sinon on ne peut plus envisager le Lesbianisme que par rapport au Féminisme et le FLR par rapport au MLF. Le rôle de la convergence de plusieurs types de contestation a été vu plus haut. D’ailleurs nous savons très bien que l’écrasante majorité de ces "contestataires" est restée dans le MLF.

2) Que faire par rapport au Féminisme ?

- autonomie (c’est le minimum !)

- combattre le Féminisme nous semble à l’heure actuelle quelque chose d’essentiel, qui nous permettra une avancée de nos propres analyses. (mais le problème est de s’unifier sur le question posée au début : doit-on donner un autre sens au mot Féminisme ou non ?)

- réfléchir à l’histoire du MLF nous semble aussi une nécessité : quelles impasses ? d’éventuels acquis ? ou rien de positif ? quel impact sur les femmes, la société, la classe des hommes ?

- et l’enjeu politique : quelles réponses au questionnement de nombreuses femmes sur ce problème ? quelles armes l’analyse du passé nous donne pour nos luttes ?

Critique :
- voir quelle attitude nous devons avoir face aux courants lesbiens dans le Féminisme. (il est bien entendu qu’il faudra voir quels moyens nous nous donnons pour toucher l’ensemble des lesbiennes)
il nous semble important de "collectiviser" nos savoirs, documents, textes historiques, témoignages, etc. comme bases à un travail collectif.

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lundi 2 mars 2020

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