La presse des lesbiennes, un des moteurs de notre histoire

samedi 16 juin 2012
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LA PRESSE DES LESBIENNES UN DES MOTEURS DE NOTRE HISTOIRE ?

Suzette Robichon [1]

Du premier journal en 1976 à aujourd’hui les journaux et revues créés par des groupes de lesbiennes jouent un rôle essentiel dans la circulation des idées, des luttes des projets. Réflexions autour de quelques titres des années 76 à 85.

L’histoire du mouvement des femmes commence à s’inscrire dans la mémoire collective, mais en France l’histoire des regroupements de lesbiennes est encore peu étudiée, encore marginale, car marginalisée.

Examiner brièvement la presse lesbienne permet de voir le rôle moteur qu’elle joue dans notre "lesbianstory", et d’en dire les richesses et les manques.

Jusqu’aux années 80 la presse lesbienne a largement contribué à l’apparition d’une existence lesbienne collective, à la mise en place, fût-ce en pointillé, d’un début d’un mouvement de lesbiennes local et national.

Depuis 1980 elle joue un rôle majeur dans la structuration des groupes et les débats théoriques et politiques qui les ont traversés.

C’est en ce sens que l’on peut dire qu’elle est un des moteurs de notre histoire.

En 1977 l’écrivaine et militante Audre Lorde prononce à Chicago lors de la table ronde "Lesbiennes et recherche littéraire" une communication particulièrement importante, dont le titre est : "Transformer le silence en paroles et en actes" [2]. Elle dit :
"Pour transformer le silence en paroles et en actes, il est fondamental que chacune de nous établisse et analyse sa place dans cette transformation et reconnaisse le rôle vital qu’elle joue…..plus que tout , il est primordial pour nous toutes, de montrer l’exemple en vivant et en nommant ces vérités auxquelles nous croyons, et que nous détenons au delà de notre entendement… " Je mentionne ce texte (à lire intégralement) car il me semble toujours aussi inspirant pour nous aujourd’hui, comme il l’a été alors.

QUEL CONTEXTE EN 1970 ?

Quelles traces lesbiennes avions-nous alors en ces débuts du mouvement des femmes où participaient largement des lesbiennes ?

En littérature la plupart d’entre nous, d’entre elles, avaient lu peut être :

Sapho, Colette ( la série des Claudine et Le Pur et l’impur), Violette Leduc, Celia Bertin, la poésie de Renée Vivien, pour certaines Natalie Barney, Le Rempart des Béguines de Françoise Mallet Joris, et enfin le fameux chapitre sur la lesbienne du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir.

En chansons nous écoutions Susy Solidor, Nicole Louvier, Gribouille.
Autrement dit nous avions quelques traces littéraires, musicales ou même cinématographiques, qui disaient des histoires individuelles. Nous pouvions aussi pratiquer la traque à l’allusion qui pouvait laisser à penser à deviner que peut-être etc… !

Mais nous n’avions aucune trace de groupes, et cela contrairement à ce qui s’était passé dans des pays anglo-saxons ou en Allemagne, où par exemple le magazine Die Freundin (L’Amie) publié de 1924 à1933, a d’abord été mensuel puis hebdomadaire et permettait de participer à une vie plus collective.

Jusqu’au mouvement de libération des femmes et mouvement homosexuel, tel le FHAR, il n’y eut pas en France de bulletin de groupes de lesbiennes car il n’y avait pas de groupes constitués en tant que tel.

Certaines homosexuelles déclarées se rassemblaient dans Arcadie, mouvement homophile (1954-1982). Deux eurent une action déterminante pour notre histoire, en étant à l’origine du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire) : Françoise d’Eaubonne et Anne-Marie Grélois/Fauré).

Par contre dans la littérature contemporaine, et dans le mouvement nous avons eu la chance inouïe de la présence et de l’œuvre de Monique Wittig. Rappelons les titres :
L’Opoponax, 1964, Prix Médicis
Les Guérillères, 1969, Le Corps Lesbien, 1973, Le Brouillon pour un dictionnaire des amantes (écrit avec Sande Zeig), 1975.

Autrement dit trois œuvres majeures, au titre explicite, sont publiées avant l’apparition du premier bulletin lesbien. Pour celles, (dont je suis) qui n’étaient pas à Paris, et ne pouvaient donc avoir fréquenté Les Gouines Rouges, ce simple titre Le Corps lesbien, posé sur une table de librairie, provoquait un choc inoubliable, donnait légitimité à notre existence.

C’est la fin des destins individuels, les Elles des Guérillères tracent leur histoire.

Cependant avant d’apparaître en tant que telles et en tant que groupes, les lesbiennes doivent se dégager du mouvement homosexuel et du mouvement femmes.

A) du mouvement homosexuel.

Elles en étaient à l’initiative, en minorité, mais bien présentes. Les premiers textes du FHAR montrent le lien entre le mouvement femmes, les lesbiennes et la lutte des homos. Le combat contre le patriarcat, les hétéros-flics etc... en est imprégné. Cependant la mixité se révèle très vite impossible. (Voir la communication de Marie Jo Bonnet).

B) du mouvement femmes.

Malgré leur présence importante et leur rôle moteur dans le MLF les lesbiennes se rendent très vite compte que leur parole n’est pas complètement prise en compte.

Des positions contradictoires se dégagent, qui se retrouvent par exemple dans le n° 2 du Torchon brûle (1972) où la confrontation de deux articles dit quelque chose des positions clivées du "mouvement" à l’égard des "lesbiennes".

Le 1er, s’en prend aux femmes gauchistes des organisations politiques "Vous voudriez bien que les lesbiennes restent à leur place, se fassent petites, invisibles", et il se conclut ainsi : "Les lesbiennes, le 6 juin, dans le cortège du matin, c’était le seul élément révolutionnaire véritable".

Le 2ème , "La révolte féminine ça commence comme un garçon manqué…" dénonce les "jules des boîtes", femmes identifiées "au mâle" et qui chacune est pourtant "une femme", "notre sœur".

Cela traduit une peur de la division, de la dispersion, y compris parmi les lesbiennes.

On peut également lire dans le numéro d’avril-mai 1974 des Temps Modernes, "Les Femmes s’entêtent", le texte d’Anne intitulé "La difficile frontière entre homosexualité et hétérosexualité" (sur les difficiles rapports entre anciennes et nouvelles homosexuelles) dont voici un extrait :
"Les homosexuelles n’ont pas à se revendiquer en tant que parentes pauvres d’un mouvement de femmes destiné à la libération des hétérosexuelles, mais à se constituer comme territoire auquel s’accroche provisoirement le désir nomade des hétérosexuelles pour qui les homosexuelles sont en fait aussi différentes sinon plus que des mecs, et différemment différentes".

Il y avait besoin d’un territoire ! Le plus facile à créer est bien, un groupe, un journal. Déjà les gouines rouges, étaient sorties de l’ombre et du silence en 1972. Mais il faut attendre 1976 pour que sorte le premier journal du groupe des lesbiennes féministes.

A partir de 1976 on peut distinguer deux grandes étapes au niveau chronologique :
- de 1975 à 1980 : une presse issue de groupes militants rattachés au mouvement des femmes.
- de 1980 à aujourd’hui : une presse reflétant l’autonomisation des groupes de lesbiennes qui ont pris leurs distances, ont leur vie propre. Les lesbiennes cessent de justifier leur droit à l’existence pour simplement vivre et militer.

Deux étapes mais des objectifs qui traversent les années.

EN QUOI LA PRESSE EST ELLE UN DES MOTEURS DE NOTRE HISTOIRE ?

Dès la première apparition en 1976 du premier journal dit des lesbiennes féministes la presse permet :
- de briser le silence, se dire, se revendiquer lesbienne ;
- de tisser un réseau militant ;
- de se constituer comme sujet politique et se donner un territoire mental ;
- donner des informations générales et faire vivre une convivialité.

Il ne s’agit pas ici de citer ni de faire l’histoire de tous les journaux et revues parus en France, et ce texte prend simplement quelques exemples tirés des années passées. Vous retrouvez tous les titres de publication dans le précieux ouvrage Mouvements de presse des années 70 à nos jours, luttes féministes et lesbiennes [3] , qui est doublé par une exposition modulable !

1) Briser le silence, se dire, se revendiquer lesbienne

Dans un premier temps les journaux sont des journaux de groupes, souvent élaborés collectivement, reflétant la vie du groupe, et faisant une grande place aux récits de vie.

Ils traduisent le besoin élémentaire de se rencontrer, d’échanger. Lieu de paroles, et d’échange d’intimités, ils expriment cette immense joie à se voir, à mettre fin à l’invisibilité et aux silences étouffants. Parler, et écrire sont alors nécessaires pour une réappropriation de l’histoire personnelle, pour dire ce qui n’a jamais été dit.

Écrire ces récits, les publier, les partager avec d’autres lectrices permet de se nommer, de se constituer, de passer du registre de la confidence intime à la revendication d’une existence collective, de dire un nous, de mettre un s à lesbiennes.

C’est ce que fait le Journal des Lesbiennes féministes dans son numéro 1 de juin 1976 (2 francs, 10 pages ronéotées), avec un article à fonction d’éditorial qui explique le choix du mot lesbienne contre le mot homosexuel : "homosexuel est trop connoté et lesbienne traduit un mode de vie, une recherche, une approche de quelque chose que nous sentons vivre en nous et entre nous".
"Nous ne voulons plus exister par rapport à l’hétérosexualité ; nous revendiquons une identité comme expression au monde, comme sexualité vécue et subversive parce que bousculant tous les champs affectifs enfermés dans les structures sociales rigides et opprimantes de la société patriarcale.... ".

Ainsi est posée la question de l’identité, question qui va être au centre de nombreuses discussions, de textes et qui n’est pas close aujourd’hui.

Le journal propose des groupes de prise de conscience et des groupes de loisirs, tels qu’on en trouve davantage aujourd’hui, groupes de dessin, de karaté. On y trouve des poèmes, des dessins et un appel aux petites annonces.

Les lesbiennes doivent se définir de tous côtés y compris face au courant lutte de classes auquel le GLF [4] répond que la sororité des lesbiennes s’exprime au-delà des classes, qu’il leur faut s’écarter des pièges de la culture mâle et bourgeoise : "il n’y a pas de classe ici, ou s’il y en a une, c’est la nôtre, que la communication vraie créera si nous parvenons à surmonter nos pudeurs". Dans ce travail de justification se mettent peu à peu en place les raisons d’existence d’une communauté lesbienne qui aujourd’hui n’a pas à expliquer le pourquoi de sa présence du moins à ses propres yeux.

Cela se conjugue aussi avec l’envie de vivre autrement, que ce soit dans sa vie privée ou sur le plan des changements politiques et sociaux. Revendiquer le mariage est alors impensable !

2) Tisser un réseau militant

Le Journal des Lesbiennes Féministes, disparaît en 1977, et en avril 1978 paraît Quand Les femmes s’aiment, réalisé par le groupe de lesbiennes du centre de femmes de Lyon, vendu à 1000 exemplaires.

C’est un vrai journal revendiqué comme tel, avec un éditorial, un sommaire. Au fil des sept numéros, entre avril 1978 et juin 1980, réalisés en alternance par le groupe de Lyon et celui de Paris, la nécessaire coordination prend une forme concrète. Le collectif rêve de créer ainsi un "espace lesbien", et veut rejoindre les lesbiennes isolées. Si le lien au mouvement de femmes est toujours marqué, la nécessité d’actions et de réflexions autonomes est clairement affirmée. La volonté d’atteindre des lesbiennes isolées est le but du journal, but qui sera celui de toutes les formes d’expression publique des lesbiennes. Pour cela le groupe sort des lieux militants traditionnels car comme il est dit dans le numéro 1 :
"Nous ne tenons pas à ce que toutes les féministes deviennent lesbiennes, mais à ce que toutes les lesbiennes deviennent féministes."
"Nous n’avons pas de position par rapport au Mouvement des femmes, nous sommes toutes dans le mouvement", disent-elles.

Le débat féminisme/lesbianisme n’est pas clos !

Quand les femmes s’aiment veut être un journal à dimension nationale. Le numéro 2 a 32 pages, comprend des photos, le 3/4 a 44 pages, les tirages sont de 1500 exemplaires le plus souvent et vendus dans les différents groupes.

Ce journal a réussi son objectif de servir de bulletin de liaison des lesbiennes du mouvement de femmes. Il a permis l’organisation de rencontres d’été qui ont fait date, dont la première à Paussac en 1979, et à Marcevol en 1980.

Le dernier numéro sort en juin 1980, et Paroles de lesbiennes féministes (Aix-en-Provence) prend, en quelque sorte, le relais en novembre de la même année.

La multiplication des groupes a permis l’éclosion de bulletins plus spécifiques qu’il s’agisse de s’organiser pour des activités conviviales comme la randonnée ou autour de thèmes plus particuliers.

Pour mémoire, le bulletin de l’association du même nom, en janvier 1986, Saphonie, met l’accent sur la créativité lesbienne et anime des ateliers aussi bien en création, en poésie, qu’en traduction d’anglais ou en photographie. En 1989 La Feuille de Consult, bulletin du groupe de santé lesbienne, issu de Saphonie, traite de gynécologie, cancer, sida, mais aussi des dépendances, vin, cigarettes, alimentation.

Toujours en 1989, le GIFLE, groupe d’intervention féministe lesbienne d’excommunication publie La Bulle de luxe, le menstruel qui se dérègle .

D’autres revues/journaux/bulletins/newsletters ont joué et jouent aujourd’hui encore ce rôle de réseau de groupes. Citons par exemple : Madivine (signifie lesbienne en créole haïtien), publié à Lyon en 2000 ; Goût Doux Niouzes, LesBienNées, à Nancy, premier numéro en janvier 2001 ; La Lune, journal de l’association des femmes homosexuelles de Strasbourg dont le numéro 1 est publié en octobre 1992, et Esprit de CEL, journal de l’association lesbienne Centre évolutif Lilith de Marseille dont le numéro 1 sort en 1994.

3) Se constituer comme sujet politique et se donner un territoire mental

L’année 1980 marque la polarisation sur des débats politiques, avec la scission de Questions Féministes et l’apparition du Front des Lesbiennes radicales et des revues qu’elles produisent.

Cette scission autour de Questions Féministes est un événement majeur en France et ailleurs. Deux textes de Monique Wittig : On ne naît pas femme, et La pensée straight en sont le déclencheur. Cette phrase de conclusion "les lesbiennes ne sont pas des femmes", souvent citée hors du contexte global de l’article, fait écho.

Les débats politiques amorcés les années passées se précisent : pour la première fois l’hétérosexualité est analysée comme un régime politique et le lesbianisme comme une résistance à l’appropriation des femmes. Le lesbianisme s’affirme comme une force politique.

Ainsi se crée le front des lesbiennes radicales (FLR) d’où sortent, en 1982 et 1983, entre autres, deux revues, Chroniques Aiguës et graves, puis Espaces, qui font place à des débats théoriques.

C’est la première fois que des revues politiques lesbiennes apparaissent, et c’est un tournant déterminant dans l’histoire des lesbiennes, au-delà même de la France. Cette rupture trouve des échos au-delà de la France. Au Québec se crée en 1982 Amazones d’hier Lesbiennes d’aujourd’hui, pour lesbiennes seulement, et en Belgique Les Lesbianaires, revue du centre de documentation et de recherches sur le lesbianisme radical.

Sans forcément se réclamer du lesbianisme radical différentes revues se disent politiques. En Suisse, CLIT 007, Concentré lesbien irrésistiblement toxique, déclare dans l’édito de son premier numéro d’octobre 1981 : "Oui Clit 007 sera politique, parce que le lesbianisme est, par essence, par nature, politique."

A Paris le premier numéro du Bulletin des Archives recherches cultures lesbiennes est publié en juin 1984, et propose textes d’analyse et traductions pour enrichir les débats.

Les débats théoriques permettent aussi de donner un territoire mental à celles qui, pour reprendre un terme de Michèle Causse, refusent l’androlecte, et ce, dans tous les domaines de la création.

Dès le début les lesbiennes ont cherché des références dans la littérature, dans les domaines culturel. Dans la floraison des revues les poèmes, nouvelles, dessins ont toujours eu une bonne place. En 1979 un groupe de lesbiennes de Lille a rassemblé sous le titre Dire nos homosexualités des textes poétiques, des réflexions sur l’amour, des témoignages, des textes inédits pour en pousser d’autres à écrire. En été 1987 à Albi naît La Grimoire, qui rassemble tous les textes ou photomontages et les dessins envoyés, puis les photocopie et les assemble en à peine plus d’exemplaires que le nombre de participantes.

De 1996 à 1998 un groupe de Paris publie La Gazoute, journale littéraire lesbienne.

Pour conclure sur ce type de parutions je parlerais de Vlasta, (1983-1985) revue des fictions et utopies amazoniennes et maison d’édition que j’ai fondée avec le concours étroit de Michèle Causse et Sylvie Bompis. Nous voulions faire circuler dans la francophonie (hélas une revue en plusieurs langues semble toujours un projet utopique) des idées, des textes qui nous avaient inspirées, ou nous semblaient importants. Dans l’éditorial du numéro 1 nous écrivions : "Une revue n’est pas un fort (référence au fort de Djevin construit par Vlasta au VIIIème siècle) du moins est-ce l’espace minimal matériel (16cmx22cm) et mental dans lequel explorer "l’inexprimable" et ce qui pour des raisons politiques évidentes (hétérocratie oblige) n’est jamais énoncé… ".

Vlasta a publié quatre numéros. Le premier était consacré aux écrivaines québécoises, peu ou pas connues en France, dont Nicole Brossard, Marie-Claire Blais, Jovette Marchessault, Jeanne d’Arc Jutras. Le dernier est un numéro spécial sur Monique Wittig [5], avec une iconographie de Lena Vandrey, premier et seul, à ce jour, numéro d’une revue en langue française qui lui ait été consacré. Vlasta éditions a publié Le Voyage sans fin, pièce de théâtre de Monique Wittig et Q.E.D, roman en partie autobiographique écrit en 1902 par Gertrude Stein, et traduit pour la première fois en français par Michèle Causse.

Parallèlement au développement des revues les débats d’idées ont pu aussi se vivre grâce à l’existence de lieux, de librairies, de cafés de femmes ou lesbiens, et à la création de maisons d’édition : Editions Tierce, éditions Geneviève Pastre, Bibliothèque du Féminisme chez L’Harmattan.

Aujourd’hui c’est avec les éditions de Bagdam espace lesbien, que nous avons les actes des colloques internationaux particulièrement riches de réflexions qui se tiennent à Toulouse. (Pour en savoir plus lire la communication de Brigitte Boucheron.)

4) Donner des informations générales, faire vivre une convivialité

Le plus connu des magazines de ce type est évidemment Lesbia, précédée néanmoins, juste pour mémoire, de Désormais, mensuel féministe lesbien, dont le numéro 1 sort en juin 1979. Désormais est le fruit de l’initiative individuelle de deux lesbiennes qui veulent publier un vrai journal avec un éditorial, des rubriques, sans oublier l’horoscope. Dès le numéro 3/4 apparaissent les petites annonces qui deviendront un atout pour Lesbia. Non connecté au milieu militant Désormais s’arrête au bout d’un an.

Lesbia est créé en 1982 par une équipe, à l’origine non militante, ce qui lui vaudra d’être regardé avec méfiance dans le milieu féministe et lesbien ; la librairie féministe Carabosses refuse, au tout début, de le vendre. Mais très vite l’enthousiasme et le travail de ses conceptrices en font une réussite. Elles réussissent le pari de la régularité mensuelle, et surtout Lesbia est vendu en kiosque. Rédigé et animé par des bénévoles, Lesbia réussit le tour de force d’exister toujours aujourd’hui, même si son contenu et son rôle ont largement changé. En rendant compte chaque mois, dans sa rubrique agenda, des activités à venir sur le plan national, qu’il s’agisse d’une fête à venir, d’un débat, d’un festival de cinéma ou de l’annonce d’un nouveau groupe, Lesbia a rassemblé des lesbiennes aux intérêts différents, et est un élément clé pour rassembler la chronologie lesbienne en cours d’écriture.

En kiosque également La Dixième MUSE, le mag’ des filles qui aiment les filles, publié régulièrement depuis mai 2003, et doublé d’un site internet.

Conclusion

A noter une caractéristique commune à toute la presse lesbienne des années passées : elle a toujours été bénévole ! Elle le reste d’ailleurs largement aujourd’hui encore.

La chronologie lesbienne entreprise par la Coordination Lesbienne en France s’appuie sur ces supports-là, réunis aux Archives lesbiennes de Paris et dans vos propres archives individuelles ou de groupes.

Analyser les sites internet actuels, les changements de mode de communication et l’influence qu’ils ont sur nos modes de fonctionnement, et le développement des groupes reste à faire.

L’existence d’une presse lesbienne en France, nécessaire au mouvement des lesbiennes, permet à la fois d’en faire l’histoire et donc d’en noter les richesses et les manques. Ce sera peut-être à l’ordre du jour d’un prochain colloque !


[1 Militante, journaliste dans la presse politique et lesbienne, fondatrice de la revue et maison d’édition Vlasta, revue des fictions et utopies amazoniennes. A toujours l’envie de continuer à faire circuler idées, textes, expériences.

[2Texte intégral publié dans Black feminism, anthologie du féminisme africain-américain, 1975-2000, Bibliothèque du féminisme, éditions L’Harmattan, Paris, 2008, 160p.

[3Mouvements de presse des années 1970 à nos jours, luttes féministes et lesbiennes, Martine Laroche, Michèle Larrouy, le collectif des Archives Recherches et Cultures Lesbiennes, éditions ARCL, Paris, juin 2009, 200p.

[4Groupes de lesbiennes féministes

[5Le numéro spécial de Vlasta sur Monique Wittig est toujours disponible et en vente sur place ou par correspondance à la librairie Violette and Co, 102 rue de Charonne, Paris, 75011, tel : 01 43 72 16 07 et www.violetteandco.com.


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